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La prochaine étape pour l'infrastructure de paiement en Inde

L’interface de paiement unifiée de pointe de l’Inde – l’infrastructure de paiement numérique interopérable soutenue par l’État et imitée des Philippines au Brésil – a trouvé son dernier cas d’utilisation, et il s’agit d’un cas majeur : la démocratisation du commerce électronique.

On pourrait penser que le commerce est déjà une entreprise aussi démocratisée que possible : c’est, après tout, le choix d’un acheteur d’acheter à un vendeur, aussi simple que cela. Mais en réalité, jusqu’à 60 % du commerce électronique indien est réparti entre Amazon et Flipkart, ce dernier appartenant à Walmart. Le fait que des acteurs mondiaux soient si fortement représentés dans le grand bazar national ne convient pas à l’Inde.

Il en va de même pour l’Open Network for Digital Commerce, une organisation à but non lucratif créée par le gouvernement et soutenue vocalement par le président d’Infosys, Nandan Nilekani (Nilekani, les lecteurs réguliers s’en souviendront, étant également le fer de lance de la carte d’identité nationale Aadhaar qui a permis tant de la révolution numérique en Inde aura lieu).

ONDC – qui n’est pas le nom le plus accrocheur jamais appliqué à une plateforme de commerce électronique – n’est au fond qu’un protocole de communication qui permet aux participants du réseau acheteurs et vendeurs d’interagir les uns avec les autres. Mais l’idée derrière tout cela est un dégroupage véritablement épique : n’importe qui peut acheter chez n’importe qui. Les magasins familiaux – moteur oublié de l’économie indienne et jusqu’à présent assez éloignés du bond numérique de l’Inde – pourront entrer dans le jeu. N’importe quel restaurant peut vendre à n’importe quel consommateur sans avoir à passer par des plateformes intermédiaires de livraison de nourriture telles que Zomato.

La prochaine étape pour l'infrastructure de paiement en Inde

C’est, dans sa création et certainement dans la rhétorique politique qui l’accompagne, une victoire pour le petit gars, tant du côté de l’acheteur que du côté du vendeur.

Le projet est testé dans 270 villes indiennes – ce n’est qu’en Inde qu’un déploiement dans 270 villes peut être qualifié de « pilote » – avec un premier accent sur Bangalore et New Delhi. Le grand dessein est de faire passer la pénétration du commerce électronique en Inde de 7,8 % aujourd’hui en accordant l’accès aux petits détaillants.

Certes, les banques sont convaincues. State Bank of India, Kotak Mahindra, Axis, HDFC et ICICI font partie des acteurs nationaux à avoir pris une participation de 6,35 % dans la plateforme. Cela reflète la création de la National Payments Corporation of India (NPCI) en 2007, qui a également été soutenue par les banques bien qu’elle soit finalement un service public.

L’Inde est le leader mondial des paiements numériques – certaines enquêtes suggèrent qu’elle représente 40 % du total mondial – et dans ce cadre, le commerce électronique représente près de la moitié des paiements numériques indiens.

Les banques sont attirées par tout ce qui les intègre à la vie numérique de leurs clients, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. L’Inde est le leader mondial des paiements numériques – certaines enquêtes suggèrent qu’il représente 40 % du total mondial – et dans ce cadre, le commerce électronique représente près de la moitié des paiements numériques indiens.

Potentiellement, l’ONDC offre aux banques une nouvelle façon d’atteindre des clients qu’elles ne pouvaient pas atteindre auparavant – en particulier ceux au-delà de leurs réseaux d’agences, comme les commerçants ruraux. Nous avons déjà écrit sur la manière dont les banques rurales, ou les villes situées en dessous des niveaux supérieurs, sont devenues une priorité pour les plus grandes banques du pays : elles sont au cœur de l’histoire fascinante de la demande intérieure de l’Inde.

L’ONDC pourrait potentiellement amener les banques au-delà des paiements également : vers des facilités de prêt et de fonds de roulement. Ce serait une merveilleuse méthode de distribution de leurs services sans avoir à dépenser quoi que ce soit en nouvelle infrastructure.

Mais il y a des défis à relever. Le programme pilote a révélé des problèmes initiaux autour du mouvement des vendeurs entre les plateformes, ce qui était prévisible ; nous ne saurons pas avec certitude jusqu’à ce qu’il soit lancé à l’échelle nationale quel sera son succès. Les premiers jours suggèrent que les consommateurs utilisent principalement la plateforme pour la livraison de nourriture plutôt que pour d’autres biens, mais, encore une fois, nous n’en sommes qu’à nos débuts.

Nilekani a également été impliqué dans ce projet et y voit le même mécanisme d’inclusion financière que tous les autres éléments de l’India Stack. Selon lui, l’OCEN facilite l’accès au crédit « aux entreprises et aux particuliers les plus méritants et les plus petits ».

En Inde, comme ailleurs, le crédit a tendance à être accordé aux grandes entreprises, tandis que les petits acteurs sont laissés pour compte ; et cela s’explique en grande partie par le risque encouru par le prêteur : plus l’emprunteur potentiel est petit, plus l’effort relatif requis pour obtenir les informations nécessaires à une décision de prêt judicieuse est important.

Il existe une industrie dynamique prête pour les prochaines étapes.