Chaque morceau de My Back again Was a Bridge for You to Cross ressemble à une statue grecque figée dans un visage tragique d’horreur. La voix d’Anohni semble délicate, en colère et épuisée, alors qu’elle pleure piste après piste – pour les promesses non tenues des droits civiques, pour les amis perdus à induce de la drogue et de la dépression, pour l’immolation d’un monde succombant à l’écocide. Sur une chanson, “Pourquoi suis-je vivant maintenant?” sa voix tremble et s’énerve alors qu’elle regarde la discorde qui se rapproche d’elle (les feuilles tombent des arbres, la fumée étouffe l’air, ses larmes coulent vers la mer et “tous nos souvenirs sombrent dans la non-vie”) et son désespoir sonne à la fois beau et émouvant. On despatched le fardeau qu’elle porte en lui écrasant le dos, et bien souvent c’est beau.
Mais Anohni et son groupe, les Johnsons – nommés en l’honneur de la militante des droits des homosexuels Marsha P. Johnson, qui orne la couverture de My Again – ont porté le poids de ses inquiétudes pendant des décennies. Cette même voix tremblante et sa fragilité holistique étaient les aspects déterminants de son album révolutionnaire, I Am a Hen Now de 2005, et ce sont aussi les qualités qui l’ont amenée à se produire en direct au début des années 2000 dans “Candy Claims” du Velvet Underground avec Lou Reed si émue, alors qu’elle capturait la dysmorphie corporelle douloureuse de l’icône trans Sweet Darling. Au fil des ans, certaines de ses musiques ont semblé in addition optimistes et furthermore dansantes (elle a collaboré avec Hercules et Really like Affair), mais elle a toujours semblé la meilleure en tirant sur votre cœur et en vous entraînant dans son monde. C’est juste dans la façon dont sa voix flotte.
La détresse d’Anohni sur My Again Was a Bridge for You to Cross s’élargit lentement et change de teinte comme une ecchymose. L’une de ses inspirations pour le disque était la grande protestation de Marvin Gaye, What is Likely On? – un album qui a poussé des cris pour les droits civiques et reconnaissant le changement climatique sur un pied d’égalité – et bien que My Again manque du vernis de Gaye (les arrangements musicaux sont bruts et obtus), il coupe presque aussi profondément. Là où la meilleure musique d’Anohni dans le passé associait sa voix à un piano et à de petits arrangements, des guitares floues qui rappellent le rock classique et la soul la soutiennent, faisant travailler sa voix un peu plus fort pour transmettre ses messages.
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La musique d’ouverture “It Will have to Modify”, comme beaucoup de chansons de l’album, rappelle l’âme chaude et beurrée d’Isaac Hayes à la fin des années 60 plus que la fusion hippie-Motown de Gaye. Mais ça diverge quand Anohni ouvre la bouche avec une liste de tout ce qui doit changer : « la façon dont tu me parles, les choses que tu me fais, la façon dont tu me quittes ». Qu’il s’agisse de griefs personnels ou de protestations adressées au monde entier, la voix d’Anohni fait mal : « C’est pourquoi c’est si triste », chante-t-elle.
Cette expression brutale et sans fioritures de ses émotions est son meilleur outil sur l’album. Sur « Can’t », une rockeuse jazzy et lente, elle chante pour des amis qui sont passés, déversant tout dans des mots comme « Je ne veux pas que tu sois mort », puis déclarant : « Je ne l’aurai pas, » alors qu’un arrangement de cordes de Rob Moose joue en arrière-prepare. Sa colère enfle sur le court docket “Go In advance” (“Tu es un toxicomane, vas-y, déteste-toi”, s’emporte-t-elle sur la guitare really hard-rock) et sur “Scapegoat” quand elle chante gentiment, “Je peux t’utiliser comme une toilette.” Sur “Rest”, qui porte une feeling particulièrement Hayes-y, elle prie pour ses camarades manifestants, “Reposez-vous comme si votre faim était la victoire”, le tout se transformant en une sortie soul émotionnelle et psychédélique. Et sur le dernier morceau, elle chante “You be no cost for me” en chantant le titre de l’album, la comparant à un pont que les autres doivent traverser.
Chante-t-elle, “Regarder toute l’eau sécher, regarder le ciel tomber sur la Terre/Les oiseaux et les insectes à la recherche d’un endroit où se cacher.” Tu veux juste pleurer avec elle. C’est comme une chanson de Walker Brother dans une tonalité in addition haute. Et sur “Sliver of Ice”, une chanson sur la façon dont apprécier la simplicité de laisser un glaçon se dissoudre sur votre langue peut aussi faire fondre votre cœur. (Reed a inspiré la chanson en expliquant cette feeling à Anohni sur son lit de mort.) Sa voix monte et descend, alors que la guitare gonfle comme un océan autour d’elle la chanson a suffisamment de filigrane et d’ombre pour ressembler à une sortie de This Mortal Coil.
La poussée et l’attraction de la passivité et de l’affirmation de soi sur My Back again Was a Bridge for You to Cross semble organique à chaque tournant. Parfois, la musique peut être un peu trop lâche, caressant comme une voiture incontrôlable (surtout sur le discordant “Go Ahead”), mais le relâchement vaut la liberté d’entendre la voix d’Anohni voler comme l’oiseau qu’elle est devenue il y a des années. Surtout, l’album semble hypnotique. Elle pouvait voler n’importe où à partir d’ici… elle n’avait peut-être pas d’endroit sur Terre pour atterrir.