La découverte de ces enregistrements rares et célèbres

Le 17e volume de la célèbre série Bootleg de Bob Dylan, intitulé Through the Open Window, 1956-1963se concentre sur les enregistrements des débuts du chanteur dans la scène folk. Ce projet est désormais dirigé par Sean Wilentz, éminent historien et fan de Dylan, qui a également rédigé un essai approfondi pour accompagner cette collection.

Un héritage façonné par les enregistrements illégaux

La sortie du disque est marquée par une réflexion sur l’impact qu’a eu The Great White Wonderle premier album de bootlegs autour des morceaux des Basement Tapes. Selon Sean Wilentz, « C’était révélateur. Vous pouviez entendre Dylan parler, faire des blagues ». Cet album non autorisé a été essentiel dans le développement d’une véritable industrie du bootleg, dépassant même les sorties illégales d’autres grands noms tels que Led Zeppelin ou Pink Floyd.

Dylan lui-même avait exprimé sa frustration face à ces enregistrements piratés : « Les disques piratés sont scandaleux. On se demande pourquoi la plupart des artistes se sentent si paranoïaques ». En réponse à ces pratiques, il a lancé en 1991 la série Bootleg avec l’aide de son manager historique Jeff Rosen.

Une nouvelle direction sous la supervision de Sean Wilentz

Contrairement aux précédentes éditions gérées par Rosen, ce volume voit Sean Wilentz prendre les rênes. Historien reconnu et auteur de Bob Dylan in Americail a approfondi ses recherches sur cette période inédite pour offrir au public des enregistrements longtemps restés anonymes. Lors d’une interview récente, il expliquait sa motivation : « C’était passionnant d’explorer cette époque pensée comme oubliée depuis longtemps ».

Wilentz a rassemblé une vaste sélection d’enregistrements originaux et peu entendus durant ces années formatrices où Dylan cherchait à établir sa voix unique au milieu du mouvement folk new-yorkais.

Des moments marquants capturés sur bande

Les sessions révèlent également comment Bob Dylan s’est affirmé comme un innovateur musical plutôt que comme un simple imitateur. En écoutant ses premières performances chez des amis ou lors de concerts intimistes à New York et Minneapolis, on découvre ses interactions avec d’autres artistes influents comme Woody Guthrie : « Il ne veut pas répliquer. Dès le début, il voulait faire les choses à sa façon », raconte Wilentz.

Parmi tous les morceaux inclus dans ce volume figurent notamment « Blowin’ in the Wind », qu’il exécute pour la première fois devant un public enthousiaste lors d’un concert au Gerde’s Folk City en avril 1962. Ce moment symbolise non seulement une victoire personnelle mais aussi son engagement croissant vis-à-vis du mouvement pour les droits civiques pendant l’été crucial de 1963.

Dylan face aux enjeux sociopolitiques

Le box-set met également en lumière l’implication discrète mais significative de Dylan dans le mouvement des droits civiques alors qu’il partageait la scène avec Martin Luther King Jr. et participait activement à divers événements historiques tout en continuant à développer un son distinctif qui combinait chansons politiques et réflexions personnelles profondes

En guise d’ouverture sur l’avenir du projet Bootleg Series, Wilentz précise souhaiter voir tomber certaines barrières entourant l’œuvre encore méconnue ou mal comprises : « La musique parle avant tout ; nous voulons donner vie aux pièces manquantes ».

Ces archives inédites montrent ainsi comment peser chaque note permet non seulement comprendre Bob Dylan artiste mais également comprendre mieux notre propre histoire collective.