Le procès antitrust engagé par la FTC contre Meta révèle de nouvelles tensions au sein du géant des réseaux sociaux. Des documents récemment publiés mettent en lumière la complexité des relations entre Facebook et Instagram, notamment les préoccupations de Mark Zuckerberg concernant « la cannibalisation » d’un réseau par l’autre. En parallèle, le cas soulève des questions sur les pratiques d’acquisition et leur impact sur la concurrence.

- Des courriels internes montrent des tensions entre Facebook et Instagram.
- Mark Zuckerberg craignait que l'acquisition d'Instagram ne « cannibalise » Facebook.
- Des mesures ont été discutées pour rééquilibrer les relations entre les deux plateformes.
- Les cofondateurs d'Instagram ont quitté l'entreprise en 2018, intensifiant les tensions.
Les inquiétudes de Zuckerberg sur Instagram
Des courriels internes, datés de 2018 à 2022, montrent que Mark Zuckerberg redoutait qu’Instagram ne commence à « cannibaliser » Facebook. Dans une lettre adressée aux membres du conseil d’administration en 2018, il a affirmé : « L’application Facebook a historiquement motivé la majeure partie de la croissance d’Instagram via des signets et d’autres liens… Cela a contribué à un vent de face pour Facebook ».
L’acquisition d’Instagram pour 1 milliard de dollars en 2012 est au cœur du litige. La FTC accuse Meta d’avoir violé les lois sur la concurrence américaine, notamment avec ses acquisitions passées. Dans un e-mail daté de mai 2018, Zuckerberg a exprimé son regret quant à sa gestion initiale de cette plateforme : « L’une des principales erreurs que je regrette n’est pas de réduire la distribution inorganique massive à Instagram plus tôt ».
Les défis posés par l’évolution simultanée des applications
Zuckerberg était conscient que le succès grandissant d’Instagram remettait en question l’engagement utilisateur envers Facebook. Il a comparé ce phénomène à celui observé avec Amazon, où une nouvelle interface crée un changement dans les perceptions utilisateurs.
En réponse au défi posé par Instagram, plusieurs mesures ont été discutées :
- Réduire activement les promotions vers Instagram
- Équilibrer les charges publicitaires entre Facebook et Instagram
- Considérer le détachement possible d’Instagram comme une société distincte
- Reorganiser l’équipe dirigeante avec Chris Cox supervisant tous les produits
Dans ses discussions internes, Zuckerberg affectionnait aussi davantage une différenciation claire entre les deux plateformes pour maintenir leur pertinence respective.
Tensions avec les fondateurs d’Instagram
Ces documents révèlent également une tension croissante entre Zuckerberg et les cofondateurs d’Instagram, Kevin Systrom et Mike Krieger. En mai 2018, Zuckerberg reconnaissait qu’il devait naviguer prudemment dans leurs relations afin de conserver ces talents au sein de l’entreprise : « Je ne sais pas comment nous articulerons même les décisions que je suggère ici à Kevin ». Cette dynamique conflictuelle s’est intensifiée jusqu’au départ ultérieur des cofondateurs en septembre 2018.
Adam Mosseri prend alors officiellement le relais comme directeur général d’Instagram après cette rupture significative qui montre comment ces tensions ont façonné le paysage interne chez Meta.
Les conséquences sur la structure future de Meta
Les révélations autour des e-mails internes mettent ainsi en lumière non seulement les mécanismes complexes qui gouvernent ces grandes entreprises technologiques mais également les conséquences directes (et indirectes) sur leurs futures dynamiques concurrentielles – alimentant ainsi le débat public autour du pouvoir oligopolistique dans le secteur digital aujourd’hui encore contesté.
Meta défend sa position face aux accusations et déclare qu’« aucune preuve solide » n’appuie celles-ci, tandis que le jugement final pourrait influencer considérablement sa structure future ainsi que celle des autres acteurs majeurs du marché social media mondial.