L’île abandonnée s’érige en sanctuaire pour les ours polaires

L’île de Kolyuchin, un ancien poste météorologique soviétique dans la mer des Tchouktches, devient un refuge inattendu pour les ours polaires. Un photographe russe, Vadim Makhorov, a récemment partagé des images révélant ces animaux déambuler librement à travers les bâtiments laissés à l’abandon.
Vadim Makhorov relate : « Les ours polaires vivent ici depuis des années. Ils s’abritent dans les maisons à la fin de l’été, quand la glace a fondu et qu’ils ne peuvent plus chasser sur la mer. »
Le photographe a capturé ces scènes majestueuses alors qu’il se trouvait à bord du navire scientifique Professeur Khromov lors d’une expédition le long de la côte jusqu’à l’île de Wrangel. Son drone a permis d’approcher sans perturber ces créatures emblématiques : « Ils se comportaient comme de gros chiens », explique-t-il. Son objectif était clair : « Pour moi, il était important que les animaux ne soient pas effrayés. »
Sur ses images apaisantes, on voit les ours se prélasser sur le béton ou fouiller dans les escaliers des bâtiments en ruine. Cependant, cette tranquillité cache une réalité précaire : avec la disparition estivale de la banquise due au changement climatique, ces animaux se trouvent contraints d’explorer ces îles côtières à la recherche de nourriture.
Vadim Makhorov souligne ce lien entre habitat naturel et survie animale en précisant que lorsque « la banquise se retire » , ils doivent « chercher leur nourriture sur les îles ». Il raconte même avoir été témoin d’une scène où « des ours dévoraient un morse mort sur la rive » , révélant ainsi l’opportunisme alimentaire accru dû aux conditions climatiques changeantes.
Ce retour sauvage des ours est perçu par le photographe comme un symbole fort : « Si l’humanité disparaît, la nature reprendra sa place. Elle comblera les vides laissés par les hommes ». Bien que son projet ne soit pas explicitement militant face aux enjeux climatiques actuels, son souhait est davantage esthétique et émotionnel : « Je souhaite seulement que les gens voient ces photos et tombent amoureux de ces animaux ».
Optimiste quant à ses futurs projets documentaires dans cette région arctique singulière, Vadim Makhorov prévoit déjà un nouveau voyage en Tchoukotka pour réaliser un film dans le même cadre l’année prochaine avant de s’envoler vers l’Antarctique pour fêter le Nouvel An.
La situation écologique alarmante qui entoure cet événement fait réfléchir sur notre rapport à cet environnement fragile tandis que Kolyuchin naît sous une nouvelle lumière grâce à ses visiteurs aux quatre pattes.