L’Italie approuve la construction du pont de Messine, un projet controversé à 13,5 milliards d’euros. Ce géant suspendu devrait relier la Sicile et la Calabre d’ici 2032 et susciter des milliers d’emplois. Cependant, il fait face à des critiques pour son impact environnemental et le risque de corruption.

- L'Italie valide la construction du pont de Messine, un projet de 13,5 milliards d'euros prévu pour 2032.
- Ce pont suspendu reliera la Sicile à la Calabre avec des enjeux économiques et environnementaux importants.
- Le gouvernement prévoit de financer une partie via les dépenses militaires pour contourner les critiques écologiques.
- Les oppositions expriment des doutes sur la faisabilité, l’impact environnemental et les risques liés à la corruption.
Un projet pharaonique
Le gouvernement italien a finalement validé le projet de construction du pont de Messine, reliant la Sicile à la Calabre. Ce pont mesurera 3,3 kilomètres de long et culminera à 400 mètres. Il comprendra six voies de circulation ainsi que deux voies ferrées, ce qui en fera le plus grand pont suspendu au monde.
Prévu pour un coût total de 13,5 milliards d’euros, ce projet sera financé par l’État et a été acclamé par certains comme étant « un accélérateur de développement », offrant ainsi de nombreuses opportunités économiques dans deux des régions les moins développées d’Italie : la Sicile et la Calabre.
Des répercussions discutables
Le Vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures, Matteo Salvini, a déclaré que cette infrastructure apportera « des dizaines de milliers d’emplois ». Néanmoins, il a également reconnu que le financement pourrait être une source de tensions locales concernant son impact sur l’environnement et son coût élevé face aux autres priorités financières.
Pour répondre aux critiques suscitée par ces préoccupations environnementales, le gouvernement envisage de classer ce budget sous les dépenses militaires afin qu’il soit éligible à des fonds liés à ces enjeux. En effet, l’Italie s’est engagée avec ses homologues membres de l’Otan à porter ses dépenses militaires à 5% du PIB, dont une partie serait dédiée aux infrastructures jugées « liées à la défense ». La Première ministre Giorgia Meloni a salué cet ouvrage comme un « symbole d’ingénierie de portée mondiale », illustrant donc « la force de volonté et la compétence technique » italienne.
Les travaux devraient commencer entre septembre et octobre 2024.
Critiques aussi bien internes qu’externes
La Cour des comptes italienne dénonce un déséquilibre considérable dans les investissements publics au profit du pont alors même que l’État est lourdement endetté. Le Parti démocrate (centre gauche) exprime fermement son opposition en affirmant que ce projet viole les normes environnementales tout en faisant preuve d’un « manque manifeste de bon sens ».
Certains experts craignent également une exploitation malintentionnée du chantier par des réseaux criminels locaux qui pourraient tirer profit du projet sans égard pour ses conséquences – chose avertie notamment par le procureur général local. Matteo Salvini récuse ces allégations en affirmant : « Ne pas construire ce pont pour ces raisons reviendrait à ne jamais réaliser aucun projet dans ces régions ».
Un scepticisme persistant
Ce projet ambitieux fait écho aux nombreux projets selon lesquels certaines infrastructures longtemps promises n’ont jamais vu le jour en Italie – rappelant ainsi au public une histoire tourmentée parmi laquelle se trouvent les premiers plans élaborés depuis plus de 50 ans.
Bien que Eurolink ait remporté l’appel d’offres initial en 2006, celui-ci fut annulé suite à la crise économique européenne mais demeure cependant lié au contrat actuel relancé. Face aux controverses générées autour du pont renommé tantôt promesse ou menace écologique, plusieurs analystes soulignent qu’il reste encore incertain qu’il atteigne sa réalisation finale avant les échéances prévues.