La cigarette électronique : l’étude de la réhabilitation ?
La cigarette électronique a fait l’objet d’un nombre impressionnant d’approximations, de fake news et d’études douteuses à la fin de l’année 2019. En effet, il semblerait aujourd’hui que les mystérieux cas de pneumonies enregistrés à New York en novembre et décembre 2019 soient du fait d’une infection au Covid-19, et non des conséquences des e-liquides aromatisés couramment utilisés par les vapoteurs. De même, une nouvelle étude américaine a démontré que l’addiction au tabac était beaucoup plus importante que celle qui pourrait résulter du vapotage. On fait le point dans cet article.
E-cigarette et tabac : une analyse comparative de l’addiction
Une enquête intitulée « Dépendance aux e-cigarettes et cigarettes dans une étude transversale sur les adultes américains » analysé des giga-données rendues publiques par la Population Assessment of Tobacco and Health concernant la consommation de tabac sur la période allant de 2013 à 2018. La dépendance a été évaluée de manière psychométrique pour comparer l’addiction des fumeurs, des vapoteurs et des fumeurs-vapoteurs, avec une segmentation entre les anciens fumeurs/vapoteurs et ceux qui continuaient encore aujourd’hui de fumer le tabac ou de vapoter.
Contrairement à ce que rapportent les médias, il a été démontré que la dépendance aux e-cigarettes avait une intensité inférieure à celle des cigarettes ordinaires. De même, parmi les utilisateurs actuels, la dépendance aux e-cigarettes était significativement plus faible que la dépendance aux cigarettes, dans les comparaisons entre sujets parmi les doubles utilisateurs de e-cigarettes et de cigarettes (1,58 [SE=0. 05] contre 2,76 [0,04]), p < 0,0001). Le même constat a été enregistré en comparant la dépendance chez les vapoteurs et chez les fumeurs (1,95 [0,05] contre 2,52 [0,02], p < 0,0001). De plus, selon les chercheurs, les symptômes résiduels de dépendance étaient également plus faibles pour les vapoteurs Parmi les anciens utilisateurs, les symptômes résiduels étaient significativement plus faibles pour les e-cigarettes que pour les cigarettes, à la fois parmi les anciens doubles utilisateurs (1,23 [0,07] contre 1,41 [0,06], p < 0,001) et parmi les utilisateurs d'un seul produit (1,28 [0,03] contre 1,53 [0,03], p < 0,0001). Le niveau le plus élevé de dépendance à l’e-cigarette a été observé chez les utilisateurs des e-cigarettes qui avaient arrêté de fumer (2,17 [0,08]). Une autre étude menée en 2019 a abouti à des conclusions similaires. Financés par les National Institutes of Health et le Center for Tobacco Products, les chercheurs avaient filtré les réponses de 3 586 participants qui étaient des fumeurs réguliers et/ou des vapoteurs. L'auteur principal de l'étude, Guodong Liu, professeur assistant en sciences de la santé publique, a déclaré que les conclusions étaient sans appel : le vapotage ne générait pas une addiction aussi intense que le tabagisme. « Il ne fait aucun doute que les e-cigarettes créent une dépendance, mais pas au même niveau que les cigarettes traditionnelles », a-t-il écrit dans le rapport final.
Etude américaine : la majorité des fumeurs sont « mécontents » de leur dépendance
Des chercheurs de l’École de santé publique de l’Université d’État de Géorgie ont transmis un rapport à l’Organisation mondiale de la santé pour suggérer une nouvelle approche anti-tabac. Ils ont démontré que le principal frein à l’arrêt de la cigarette n’était pas la crainte de la perte du plaisir de fumer, mais bien une incapacité physique à arrêter, matérialisée par les effets du sevrage sur la qualité de vie.
L’étude intitulée « Réévaluer l’importance de la perte de plaisir associée à l’arrêt du tabac », a été publiée dans la revue Tobacco Control. Après avoir analysé les données de 1 284 fumeurs aux États-Unis, les chercheurs de l’Université d’Etat de Géorgie ont constaté que plus de 80 % des sujets de l’étude étaient « mécontents » de fumer et regrettaient d’avoir pris cette « mauvaise » habitude. Plus de 80 % des fumeurs actuels font état d’un mécontentement élevé (22,5 %) ou très élevé (59,8 %) dû à l’incapacité d’arrêter de fumer, à la perception d’une dépendance et au regret d’avoir commencé à fumer.
Les niveaux de mécontentement plus élevés ne varient pas de manière significative en fonction du sexe, de l’âge ou de la catégorie socioprofessionnelle. Lorsqu’on leur a demandé de verbaliser la première pensée qui leur venait à l’esprit lorsqu’ils pensaient à la cigarette, les réponses les plus fréquentes étaient : « cancer », « dépendance », « dépense », « mauvaise odeur ».
L’e-cigarette a donc un rôle à jouer dans la réduction des symptômes liés au sevrage brusque. Elle permet en effet de réduire progressivement la dose de nicotine inhalée, tout en éliminant plusieurs dizaines de substances toxiques que l’on retrouve dans la cigarette traditionnelle. Le choix d’une bonne cigarette électronique s’impose pour réduire les risques d’un retour à la case départ pour le fumeur.